Peuple qui n'a laissé aucun texte et dont aucune culture archéologique ne peut leur être attribuée avec certitude à l'heure actuelle, l'existence des Indo-Européens comme peuple est une hypothèse au second degré. Elle découle de l'hypothèse d'une langue indo-européenne et donc d'une communauté linguistique, c'est-à-dire d'un peuple avec une identité ethnique, culturelle et religieuse, qui parlait cette langue. C'est l'idée d'un peuple migrateur dont la communauté se serait étendue depuis l'âge de pierre jusqu'à l'âge du cuivre qui est généralement retenue par les spécialistes. En effet en plus des langues indo-européennes, de nombreux autres indices d'ordres religieux, culturels, traditionnels, anthropologiques, ou même de certains savoir-faire techniques, suggèrent l'existence d'un ancien peuple "indo-européen" qui se serait répandu avec sa langue, ses connaissances propres, son identité ethnoculturelle avant de se différencier géographiquement et de subir des influences diverses dans les différentes régions d’expansion. Les hypothèses concernant le foyer originel de ces Indo-Européens sont discutées.
L'hypothèse kourgane formulée pour la première fois par Marija Gimbutas est de nos jours de loin la plus étayée, développée, et la plus fréquemment admise par les spécialistes. Bien qu'elle reste encore à l'état de théorie non démontrée elle est fréquemment exposée comme un fait avéré dans les ouvrages de vulgarisation.
Le foyer originel des Indo-Européens serait localisé en Europe de l'Est, dans la steppe pontique située au nord de la mer Noire. De ce berceau, l'expansion indo-européenne se serait faite essentiellement à partir du 4e millénaire av. J.C. selon un mode guerrier, par colonisation et souvent soumission de populations d'agriculteurs préexistantes, vers l’ouest pour les Européens actuels, vers le sud pour les anciens Anatoliens et vers l’est pour une partie des Indiens actuels, les Iraniens actuels, et pour les peuples disparus des Scythes et des Tokhariens en Asie plus orientale.
L'hypothèse anatolienne développée par Colin Renfrew en 1984 localise le foyer originel des Indo-Européens en Anatolie (actuelle Turquie), dans la zone où le blé pousse toujours à l'état sauvage. Les proto-Indo-Européens auraient été à l'origine de la domestication du blé. De ce berceau, l'expansion indo-européenne se serait faite à partir d'environ 8 000 ans av. J.-C. de manière pacifique, soutenue par l'explosion démographique que permet l'agriculture, qui aurait submergée les populations environnantes de chasseurs-cueilleurs mésolithiques peut-être cinquante fois moins nombreux, à raison d'une trentaine de kilomètres par génération.
Les premiers à quitter le berceau auraient pris la direction du Caucase (Arméniens) et de l'Asie centrale (Tokhariens), puis une seconde vague aurait traversé la mer Égée pour se répandre en Europe (Grecs, Thraces Illyriens, Italiques, Celtes, Germains, Slaves), avant qu'une fraction installée dans la steppe pontique ne prenne le chemin de l'Iran et de l'Inde, donnant naissance aux peuples scythe, sarmate, perse, mède, et tous les peuples de l'Inde du nord parlant des langues cousines ou nièces du sanskrit.
Cette hypothèse de la migration d'un peuple paysan a trouvé peu d'échos chez les linguistes et les comparatistes qui rappellent que la tradition formulaire des Indo-Européens n'a strictement rien à voir avec un peuple de paysans, mais montre au contraire l'image d'un peuple guerrier dont les idéaux se rapprochent de ce qu'on appelle la société héroïque de l'âge du bronze. Enfin, le refus de tenir compte des indications du vocabulaire pose des problèmes insurmontables pour cette hypothèse. Ainsi, par exemple, le nom du cheval présent dans les différentes langues indo-européennes alors que Renfrew fait venir les Indo-Européens d'une région où le cheval a été introduit beaucoup plus tard.
Récemment, Renfrew s'est rallié à la proposition d'Igor Diakonov (en) qui suggèrait en 1985 le sud-est de l'Europe comme berceau des Indo-Européens. La région balkano-danubienne a en effet l'avantage d'être le centre des différentes voies d'une immigration progressive des Proto-Indo-Européens. Kaveli Wiik (en) est aussi un des tenants de cette théorie. Les premières manifestations du Gravettien proviennent d'ailleurs de cette région avec le site de Kozarnika, qui semble également le berceau de l'haplogroupe I du chromosome Y.
Cette hypothèse mise en avant dans son temps par Hermann Hirt (en) et d'autres chercheurs a été reprise par Carl-Heinz Boettcher. La présence du nom du cuivre dans le vocabulaire reconstruit tend à resserrer les possibilités dans une culture du néolithique final ou cuprolithique.
Pour Boettcher, le mouvement des populations qui aboutit à la formation du peuple indo-européen commence dès la fin du paléolithique lorsque le réchauffement du climat permet aux chasseurs de rennes de suivre le gibier dans la partie nord de l'Europe, découverte de glaces. Ils sont à l'origine de la culture de Hambourg(13 500 ans à 11 100 av. J.-C.) et des groupes à Federmesser. Dans ces régions, ils font la connaissance des phénomènes boréaux qui marqueront leurs mythes. Ces groupes de chasseurs pêcheurs sont à la base de la culture de Maglemose (environ 9 000 à 6 500 ans av. J.-C.). La remontée du niveau des mers en Europe du Nord submerge certains territoires occupés par les Maglemosiens (Doggerland) et les repousse vers le sud. Les héritiers de cette culture créent les cultures d'Ertebölle et d'Ellerbek. Boettcher compare leurs activités à celles des vikings quelques siècles plus tard. Il décrit une société guerrière qui développe le compagnonnage, qui se livre au commerce et à la piraterie en remontant les cours d'eau des contrées occupés par des agriculteurs qu'ils rançonnent d'abord puis soumettent ensuite en devenant leurs chefs. Ils constituent avec eux une nouvelle culture celle des gobelets en entonnoir (-4 200 à -2 600 ans) qui constitue selon lui l'habitat originel des Indo-Européens, ce qui expliquerait les mythes de « guerres de fondation » étudiés par Georges Dumézil (Enlèvement des Sabines à Rome, guerre entre les Ases et les Vanes de la mythologie nord-germanique...) qui montrent l'union d'un groupe de guerriers avec ses chefs à un groupe de "producteurs". La première culture indo-européenne serait ainsi issue de la néolithisation de culture d'Ertebölle et de la soumission de formes récentes de la culture de la céramique linéaire.
Plus tard, la culture des sépultures à ocre (territoire de Dniepr-Donets) aurait été l'habitat originel des Indo-Iraniens, les Celtes, Italiques, Slaves, Germains et Baltes provenant de la culture de la céramique cordée, enfin la culture de Baden étant le berceau géographique des Grecs et des Hittites.
C'est essentiellement par l'étude de l'héritage littéraire indo-européen que les spécialistes, linguistes, comparatistes et philologues se sont penchés sur la vision du monde que cet héritage transmettait, notamment pour l'organisation sociale avec les travaux de Georges Dumézil, les institutions (Émile Benveniste) ou encore la religion (Jean Haudry).
Selon l'anthropologue Georges Dumézil, l'idéologie sociale de ces peuples était originellement structurée autour de trois fonctions :
- la fonction sacrée qui regroupe ceux qui prient, qui détiennent la connaissance (les prêtres, le clergé) ;
- la fonction militaire qui regroupe ceux qui combattent, qui dominent militairement (les guerriers, la noblesse) ;
- la fonction productive qui regroupe ceux qui travaillent, qui produisent les richesses (agriculteurs, artisans, commerçants, etc.).
Les religions des peuples descendants des Indo-Européens sont également structurées autour de ces trois fonctions.
L'archéologue Jean-Paul Demoule critique en 1991 le modèle explicatif (modèle arborescent) utilisé par les linguistes et les comparatistes pour rendre compte de la diffusion des langues indo-européennes. Il évoque des modèles alternatifs centripètes prenant pour exemple les créoles ou autres pidgin, hypothèses déjà rejetées par les linguistes notamment du fait de la complexité de la morphologie de l'indo-européen reconstruit et de l'importance de la tradition héritée (notions, structures, images, métaphores, symboles…) Il publie en 2014 une étude de ce qu'il nomme le mythe indo-européen, il y pointe la persistance de la théorie « steppique » qui a été largement diffusée via les phénomènes de médiatisation de la fin du xxe siècle.
(Ressources Wikipédia et Christian Mandon de Racines et Traditions en Pays d'Europe)