39 - Elle y vit patauger
Dans les fleuves épais
Des hommes parjures
Et des loups criminels
Et celui qui d'autrui
Séduit la femme ;
Là, Nidhoggr
Suçait les cadavres des trépassés.
Le loup dépeçait les hommes.
En savez-vous d'avantage ? - ou quoi ?
40 - A l'est était assise le vieille
Dans la Forêt de Fer
Et y enfantait
La race de Fenrir ;
Parmi eu tous
Il y en aura un
Qui détruira le soleil
Sous la forme d'un monstre.
41 - Il se gorge des chairs
Des hommes voués à la mort,
Rougit le siège des dieux
De rouge sang ;
Noir sera l'éclat du soleil
Dans les étés suivants,
Épouvantables, toutes les tempêtes.
En savez-vous davantage ? - ou quoi ?
42 - Assis là sur un tertre
En jouant de la harpe,
Le gardien de la sorcière,
Le joyeux Eggther ;
Chantait auprès de lui
Sur le bois de la potence
Un coq vermeil
Qui s'appelait Fjalarr.
Chantait chez les Ases
Crête d'Or.
Il éveille les hommes
Du Père des Armées ;
Mais un autre chante
Sous terre,
Un coq d'un rouge de suie
Dans les halles de Hel.
44 - Voici que Garmr aboie de rage
Devant Gnipahellir,
La chaîne va se rompre,
La bête va bondir.
Je sais maints sortilèges,
Plus loin en avant je vois
L'amère destinée
Des dieux de la victoire.
45 - Les frères s'entre-battront
Et se mettront à mort,
Les parents souilleront
Leur propre couche ;
Temps rude dans le monde,
Adultère universel,
Temps des haches, temps des épées,
Les boucliers sont fendus,
Temps des tempêtes, temps des loups
Avant que le monde s'effondre ;
Personne
N'épargnera personne.
46 - S'ébattent les fils de Mimir,
Mais le destin s'embrase
A l'éclat
De Gjallarhorn.
Heimdallr souffle fort,
Cor dressé ;
Odinn consulte
La tête de Mimir.
47 - Yggdrasill tremble,
Le frêne érecte,
Gémit le vieux tronc,
Et le géant se délivre ;
Tous frémissent
Sur le chemin d'enfer
Avant que le parent
De Surtr ne l'engloutisse.
48 - Qu'en est-il des Ases ?
Qu'en est-il des Alfes ?
Résonne tout Jötunheimr,
Les Ases tiennent conseil ;
Grommellent les nains
Devant les portes de roc,
Les maîtres des précipices.
En savez-vous davantage ? - ou quoi ?
49 - Voici que Garmr aboie de rage
Devant Gnipahellir,
La chaîne va se rompre,
La bête va bondir ;
Je sais maints sortilèges,
Plus loin en avant je vois
L'amère destinée
Des dieux de la victoire.
50 - Hrymr arrive de l'est,
Bouclier levé,
Jormungandr se retourne
Saisi de la fureur des géants ;
Le serpent fouette les vagues,
L'aigle miaule,
Nidfölr lacère les cadavres,
Naglfari est détaché.
51 - Un bateau vient de l'est
Amenant par mer
Les enfants de Muspell,
Loki à la barre.
Les monstres voyagent
Tous avec le Loup,
A leur front s'avance
Le frère de Byleistr.
52 - Surtr arrive du sud
Avec la mort des branches,
Le soleil émane
De l'épée du dieu des morts ;
Les rocs s'entrechoquent,
Les monstres s'ébranlent,
Les hommes foulent le chemin de Hel
Et le ciel se crevasse.
53 - Alors arrive à Hlin
Une douleur nouvelle
Quand Odinn se met en marche
Contre le loup,
Le brillant meurtrier de Beli,
Contre Surtr ;
Alors de Frigg
Périra l'amour.
54 - Voici que Garmr aboie de rage
Devant Gnipahellir,
La chaîne va se rompre,
La bête va bondir ;
Je sais maints sortilèges,
Plus loin en avant je vois
L'amère destinée
Des dieux de la victoire.
55 - Alors arrive le noble
Fils de Sigfödr,
Vidarr, pour tuer
La bête à charogne,
Du poing il enfonce
L'épée jusqu'au coeur
Du fils de Hvedrungr.
Voici que le père est vengé.