Daina

 

Une daina est un chant traditionnel letton parfois présenté comme une forme d’art littéraire. Les dainas sont considérées comme le vecteur de la culture lettone au travers des siècles de servage et d'occupation. Leurs thèmes sont variés et vont de la mythologie lettonne à l'agriculture. La personne récitant les dainas s'appelle teicējs. En Lettonie, les dainas sont traditionnellement chantées lors de toute fête populaire comme le Festival national letton des chants et de danses ou la célébration du solstice d'été Līgo svētki.

Latwju dainas 1894

La couverture de la première édition de Latvju dainas par K. Barons et H. Visendorffs (1894)

Premiers recueils des dainas au XVIIIe siècle

Johann Gottfried von Herder (1744-1803), à l'époque instituteur à l'école du Dôme à Riga fût le premier à s'intéresser aux dainas entre 1764 et 1769 après avoir étudié les traductions de ce chant folklorique dans les éditions allemandes Gelehrte Beiträge. Il en a publié lui-même deux volumes : Volkslieder (München : G.Müller, 1778) et Stimmen der Völker in Liedern (Hade a.d.S., Hendel, 1807) sorti après sa mort. Herder fût également le premier à utiliser le terme volkslieder (chanson folklorique) dans la philosophie du langage allemande.

La collecte des dainas en Lettonie au XIXe siècle

Une daina est classiquement définie comme une forme en quatrain spécifiquement lettonne quoi qu'on les retrouve aussi en Lituanie. Les toutes premières descriptions de ce chant qui ont pu être retrouvées provenaient des récits de procès pour sorcellerie et les traités historiques et géographiques, elles datent de 1584 et de 1632. En 1807, les ecclésiastiques allemands, G. Bergmann et F. Wahr réunissent les premières collections de dainas. Le premier Letton à les avoir publiées fut Jānis Sproğis, en 1868.

Les dainas lettonnes ont été mises par écrit au cours du XIXe siècle sous l'impulsion de l'écrivain et folkloriste Krišjānis Barons. Cette initiative coïncidait avec la période d'éveil du sentiment identitaire et national letton. Des collections plus petites, complétées par de nombreuses autres contributions ont été rassemblées réunissant 218 000 textes de chansons, classés en huit épais volumes (1894 -1915). La démarche de Barons a été appuyé par le mécène et passionné de la culture lettonne résidant à Saint-Pétersbourg Henrijs Visendorffs (1861-1916) dont le nom figure également sur la couverture de la première édition des dainas. Il parait que c'était lui qui avait proposé à Barons de choisir le nom daina pour désigner ces œuvres.

Les chants publiés correspondent à des documents originaux, envoyés à Barons par chanteurs et passionnés. Ils constituent un fonds de plus de 350 000 feuilles de papier manuscrites de 3 x11 cm, avec les annotations de Barons et notes pour l'édition. Ils sont tous conservés dans un cabinet spécialement construit pour eux en 1880, avec 70 tiroirs dit Dainu skapis en letton. Ce meuble est entreposé depuis les années 1950 aux Archives du Folklore Letton à Riga (Latviešu Folkloras krātuve): Riga, 1-Akadēmijas laukums . D'outil de travail, il est maintenant devenu symbole culturel et a été classé, le 4 septembre 2001, au Registre Mémoire du monde de l'UNESCO.

Dainas aux XXe et XXIe siècle

Aux XXe-XXIe siècle, une autre chercheuse étudiant les dainas est Vaira Vīķe-Freiberga, qui a également été présidente de la République lettone.

L'Université de Virginie soutenue par la fondation de Milda Zilava (1908-2003) a mis en place le projet d'édition électronique des 12 volumes de Chant folklorique letton.